RAOUL BRIANÇON
Raoul Briançon est né à Annonay le 04 juillet 1879, il est le septième enfant de Jean Jacques Briançon et de Delphine Perrier. La famille va quitter Annonay en 1880, Raoul sera donc le dernier Briançon de cette branche à naître en Ardèche. Il va grandir à Millau où la famille s'implante dès 1881. Comme nous l'avons vu précédemment son père qui était mégissier a dû, suite à une grave crise de la profession changer d'activité. Il devient Fabricant de colle, un secteur industriel proche de la mégisserie mais en pleine expansion.
Photographie de Raoul Briançon (Fin XIXéme siècle)
- Une jeunesse militaire (1898 - 1902)
A l'age de 19 ans, encore étudiant, il s'engage le 31 aout 1898 à Rodez dans l'armée pour 4 ans. Il est incorporé le jour même au 81ème régiment d'infanterie de Montpellier comme soldat de 2éme classe (numéro de matricule 7950). Il accompli une première période d'exercice en décembre 1898. Nommé caporal le 21 Septembre 1899, sergent le 23 septembre 1900, sergent fourrier le 21 novembre 1900 puis sergent major le 11 juin 1901. Il quitte l'armée le 31 aout 1902 pour passer dans la réserve active, le fameux "certificat de bonne conduite" lui est accordé.
Après quatre années d'armé il part quelques mois en Espagne. De mars à aout 1903 il est domicilié à Palma de Majorque avant de revenir sur Millau.
- Un premier mariage (1905 - 1906)
Il se marie le douze aout 1905 à Soyons en Ardèche avec Angèle Crouzet. Un contrat de mariage est établi devant Me Robert, notaire à Charmes (Ardèche) le 11 Aout 1905. La future épouse apporte en mariage et se constitue en dot la somme de trois mille francs, valeur reprèsentative donnée à son trousseau composé de ses vêtements, linges, effets et objets à son usage personnel, à son piano et à divers autres meubles et spécialement un ameublement de salle à manger. La somme de 7000 Francs en espéces sera aussi donnée par Eugène Crouzet (Chef de Gare) et Emilie Perrier, père et mère de la mariée.
Après leur mariage les époux habitent Lyon, chemin des pins (actuel Avenue Lacassagne). En 1906, à peine un an après le mariage Angèle Crouzet décédé à son domicile. Elle n'a que 26 ans. Raoul reste à Lyon mais change de domicile. L'acte de décès est présenté ci-dessous.
L'avis de décés figure dans la rubrique des actes civiles du Progrès (journal local) du 7 Novembre 1906 comme suit : " Angèle Crouzet, épouse Briançon morte à l'age de 26 ans, les funérailles auront lieu à 8 heures." Raoul resta à Lyon jusqu'en 1911, puis il quitta la ville pour retourner à Millau.
- Un second Mariage (1908)
Il se remarie ensuite avec Emma LAURENT le 2 juin 1908 à Saulce sur Rhône (Drôme). Un contrat de mariage est établi le seize mai 1908. Emma LAURENT apporte un trousseau de 500 francs, ses parents Pierre Louis LAURENT (propriétaire négociant) et Nancy ROBERT donne en dot la somme de 3000 francs.
Le mariage est célébré le 8 juin 1908. Les témoins présents sont : René Jules BRIANÇON âgé de 27 ans frère de l'époux, Charles LEONARD âgé de 38 ans Pasteur beau frère de l'époux, Louis Laurent agé de 26 ans frère de la mariée.
Photo de mariage de Raoul et Emma le 02 Juin 1908
Raoul et Emma vont habiter Lyon jusqu'en 1911 puis retournent à Millau jusqu'en 1914.
- La Guerre de 1914 - 1918 :
En aout 1914, c'est la mobilisation générale et Raoul BRIANÇON a trente cinq ans. L'incorporation s’effectue en fonction de l'âge, les hommes de moins de 25 ans sont affectés dans les troupes d'active, les hommes de 25 à 35 ans constituent la réserve et au delà de 35 ans ils forment les régiments d'infanterie territoriale (surnommés les pépères..).
Raoul est incorporé dans les troupes de réserve au 123éme Régiment d'Infanterie Territoriale à Mende le 6 aout 1914 comme sergent major.
Du 6 août 1914 au 25 janvier 1915 : 123éme Régiment d'Infanterie Territoriale
- 6 Aout 1914 : Le régiment est mobilisé à Mende et en part par six trains de 5h à 17h. Ces trains sont dirigés sur Bézier puis vers Toulon ou le débarquement a lieu au faubourg de la Seyne le 8 août entre 12h et 24h. Le régiment est destiné à la défense de Toulon et cantonne à St Jean du Var.
- 18 Aout 1914 : Changement de cantonnement pour les localités suivantes : Le lavandou, La Londe, Les Salins de Hyères et sa rade. Pendant trois mois, il sert de dépôt de transition aux effectifs rassemblés à Mende à destination d'autres corps et il perd par prélèvements successifs une partie de ses meilleurs éléments. L'attitude de l'Italie ayant écarté l'éventualité d'opérations en Provence, le 123e régiment territorial, avec des équipages de réquisition, est embarqué à Hyères par train le 4 novembre 1914, pour rejoindre la 2e
Armée qui immobilise le front ennemi entre Albert et Roye (Somme).- 6 Novembre 1914 : Les trains arrivent à Creil et sont ensuite dirigés sur Montdidier, puis de là par voie de terre sur le village de Gratibus où le régiment arrive à 2 heures du matin.
- 9 Novembre 1914 : Le régiment quitte ses cantonnements à 11 heures par voie de terre pour occuper les villages d'Assainvilliers, Le Fretoy et Vaux.
- 10 Novembre au 17 Décembre 1914: Le régiment est à la construction des tranchées, dans la boue glacée et sous un feu intense d'artillerie. Employé aux tranchées de première ligne, sans cesse en mouvement sur ce front, morcelé en détachements et travaillant de jour et de nuit, dans les conditions les plus précaires, à établir les lignes successives qui doivent appuyer notre résistance pendant que le combat continue acharné. Le 1er Décembre 1914 Raoul BRIANÇON est nommé sous-lieutenant.
- 18 Décembre au 28 Janvier 1915: Le 123éme RIT passe à la 21éme Division d'Infanterie et cantonne à Acheux et Varennes avant de partir pour Hedauville et Senlis où le travail de tranchées se poursuit.
- 29 Janvier 1915: Le 123éme RIT passe au 337éme régiment d'infanterie un renfort de 120 hommes, 4 caporaux, 5 sergents, 1 sergent major, 3 adjudants et 3 sous lieutenant : ESTEVE, LACAN et BRIANÇON (5éme bataillon, 19éme compagnie)
Le 11 Novembre 1914 va naître à Saulce sur Rhône, Jean BRIANÇON, fils unique d'Emma et Raoul Briançon.
Photo de Emma, Raoul et Jean Briançon en 1915
Du 29 janvier 1915 au 15 Décembre 1915 : 337éme Régiment d'Infanterie
- 30 Janvier au 26 février 1915 : Le régiment est dans le secteur Meaulte et de Dermancourt (2 morts et 9 bléssés)
- 27 février 1915 : A 3 heures du matin le régiment quitte Dermancourt pour aller en 1er Ligne. A 5h25 du matin le 28 février les Allemands tentent une attaque sur nos 1er ligne, cette attaque est repoussée en 20 minutes (7 tués et 13 blessés).
- 4 Mars 1915: Bombardement violent sur les tranchées du 337éme (1 mort, 1 blessé)
- 5 au 23 mars 1915: Rien à signaler, le secteur reste calme
- 24 au 28 mars 1915: Retour en 1er ligne dans la tranchée de Fricourt pour la 19e et 20e compagnie du 337éme RI
- 16 Avril 1915: Changement de secteur, le régiment quitte Dermancourt à 22 heures pour se diriger sur Bray où il cantonne. Une nouvelle guerre commence "la guerre des mines". Les tranchées Françaises et Allemandes étaient souvent très proches les unes des autres (quelques dizaines de mètres). Le génie vint alors à la rescousse de l'infanterie pour creuser des galeries souterraines jusque sous la tranchée adverse pour la faire sauter. l'explosion d'une mine le 19 avril fait 2 morts et 11 blessés.
- 2 mai 1915
"M le Capitaine Quintard venant du dépôt refait le régiment et prend le commandement de la 21e Cie - Briançon S Lt (Sous Lieutenant) l'adjudant Roy , 2 sergents, 4 Caporaux, 46 soldats passent à la Cie 15/7bis du génie"
- 15 mai 1915
"M Briançon S Lt détaché au génie rentre au régiment pour inaptitude, il est remplacé par l'adjudant Pastou"
- 3 Juin 1915 - Composition du régiment
Raoul Briançon est sous lieutenant au 5éme Bataillon, 19éme Compagnie du 337éme RI
- 21 aout 1915 : Départ du régiment en train de la gare de Conty, direction la Champagne. Itinéraire Beauvais, Versailles, Vitry le François et débarquement à vitry la Ville le 22 aout à 6h. Départ du régiment à 20h30 (marche de nuit) Itinéraire Pogny, Francheville, Dampierre, Coupeville, La Fresne à 1 heure du matin pour cantonnement.
- 23 aout 1915 : Départ de Fresne à 20h30 (marche de nuit). Itinéraire Moivre, Somme Yèvre arrivée à 23h30 pour cantonnement.
- 25 aout 1915 : Le régiment quitte le cantonnement à 20h. Itinéraire: Herpont, Auve, le régiment s'installe à minuit à Croix en Champagne. Bivouac jusqu'au 28 aout.
- 28 Aout 1915 : Le régiment quitte le bivouac à 3h du matin et se portant de bois en bois va occuper un nouveau bivouac à Sommes Bionne entre les cotes 177 et 199.
- 29 Aout 1915 : Le régiment quitte le bivouac à 20h. Itinéraire : Les Maigneux, la Lune, Doumartin la Planchette, Braux sainte Gohière où le régiment cantonne à 23h30
- 30 aout 1915 : Le régiment est rataché au 1er corps d'armée coloniale.
- 31 aout 1915 : Départ du régiment à 18h. Itinéraire : Maffrecourt, ferme Araya et Bois d'Hauzy où le régiment arrive à 22h30. Le régiment reléve le 4iéme Régiment d'Infanterie Coloniale. La reléve est terminé à 2h du matin.
- 1 septembre 1915 : Régiment dans les tranchèes de 1er ligne.
- 2 septembre 1915
"Quelques obus de 77 tombent sur la tranchèe occupée par la 19é Cie à Malzicourt. Le Sous lieutenant Briançon est blessé légèrement à la tête et à l'épaule"
- 3 Septembre 1915: A 17h les Allemands bombardent le petit poste isolé à 600 men avant des tranchées de 1er ligne. A la suite de ce bombardement ils enlèvent le poste par un coup de main.
- 4 septembre au 21 septembre 1915: Bombardement incessant de nos lignes (12 morts et une trentaine de blessés)
- 22 septembre 1915: Commencement du bombardement des lignes ennemies
- 25 septembre 1915: Continuation du bombardement des tranchèes ennemis. A 9h15 Attaque générale. 7 tués et 33 blessés
- 26 septembre au 30 Octobre 1915: Le régiment occupe les mêmes positions. Accrochages et bombardements quotidiens sur les lignes du 337éme (6 tués et 35 blessés sur la période)
- 31 Octobre 1915: Le régiment appelé en renfort est mis à la disposition du 16e corps d'Armée. Il est transporté par automobiles à Somme Suippe où il bivouaque.
- 2 Novembre 1915: Le régiment est rattaché au 11éme corps d'armée, départ de Cabane et puits à 12h15. Cantonnement à Laval.
- 3 Novembre 1915: Arrivée à St Jean sur Tourbe. Le régiment est envoyé en tranchée de 1er ligne et occupe le secteur compris entre le Maurelle Nord et le barrage de Cobourg au Nord de Mesnil-les-Hurlus.
- 5 Novembre 1915 : Le secteur est violemment bombardé par l'artillerie ennemie (3 tués et 6 blessés)
- 9 Novembre 1915: Bombardement violent de nos tranchées dans l'après midi: pas de perte.
- 22 Novembre 1915: Le 5éme bataillon enterre chaque jour de nombreux cadavres allemands et français dont la plupart peuvent être identifiés, les renseignements sont aussitôt transmis.
- 15 Décembre 1915 : Raoul Briançon est affecté au 293éme Régiment d'Infanterie (probablement 6éme Bataillon, 21éme compagnie)
Secteur du 293éme Régiment d'Infanterie dit Champignon - Pomme de terre
Bleu (Bataillon C) : Position du 5éme bataillon du 293éme I (1er ligne) et I bis (Ligne de soutien ou seconde ligne) à gauche
Rouge (Bataillon D): Position du 6éme Bataillon ( où se trouve Raoul Briançon) du 293éme au centre
Vert : Position du 64éme à droite
Jaune : Bataillon de réserve (337éme)
- 16 au 21 Décembre 1915: Repos dans les cantonnements d'Aubray, Lavage des effets et douches. Exercice de Cadres.
- 22 Décembre 1915: Embarquement à Aubray en auto à 8h30, arrivée à Somme Suippe à midi. Rassemblement sur la route de Perthes pour la maison Forestière. Arrivée à 15h dans les baraquements.
- 26 Décembre 1915: Les Officiers du régiment vont reconnaitre le futur secteur.
- 29 Décembre 1915: Le régiment prend position dans les tranchées de 1er ligne. A minuit les allemands lancent des grenades. Vers 4 heures du matin ils recommencent à envoyer des grenades. A 7 heures ils attaquent par un boyau et des veilles tranchées. Nos hommes résistent courageusement à cette attaque et répondent en lançant des grenades et en arrosant l'ennemi avec des bombes Celerier. Pendant toute la journée les Allemands tirent des coups de fusils. Vers 20h30 ils recommencent leur tentative d'attaque. Ils occupent de veilles tranchées situées à mi-distance entre les 2 lignes d’où ils peuvent envoyer des grenades. Soutenu par des tireurs français installés sur deux promontoires permettant de tirer par dessus notre tranchée, ils empêchent les Allemands de sortir de leur position et les contraignent à rejoindre leur tranchée de départ. (3 tués et 11 blessés)
- 31 Décembre 1915 : Bombardement sur nos lignes (1 tué et 2 blessés)
- 1 au 8 janvier 1916: Corvée de nettoyage et transport de matériaux entre l'arrière et les 1er lignes.
- 9 Janvier 1916 : De 6h à 6h30 combat à la grenade devant le Champignon. Les Allemands sont repoussés par nos grenadiers secondés par un tir d'artillerie. Vers 15h une très violente canonnade est entendue sur la droite. Les Allemands attaquent sur la Butte de Mesnil au moyen de gaz asphyxiants et de liquides enflammés. Toutes les précautions sont immédiatement prises pour parer aux effets de la nappe gazeuse au cas ou le vent la pousserait sur nos positions. Vers 17h les Allemands se rassemblent devant les tranchées Pomme de terre. Notre artillerie exécute aussitôt un tir sur les tranchées ennemies.
- 10 Janvier 1916: Journée calme. Les allemands envoient quelques grenades pendant la nuit (3 blessés)
- 11 Janvier 1916: A 4h25 les allemands attaquent à la grenade, facilement repoussé par nos hommes, attaque terminé à 5 heures.
- 12 au 17 Janvier 1916 : Artillerie ennemie très active, tir concentré sur nos 1er lignes et sur les lignes de soutien.
- 18 janvier 1916 : Journée très mouvementé. Un tir exécuté par l'artillerie lourde et les canons de tranchées amène un violent tir de représailles. Vers 23h un avis annonce qu'on pourrait craindre une attaque allemande pendant la nuit ou au lever du jour (renseignements obtenus par l'interception d'une conversation ennemie). Tout le monde s'équipe et se tient prêt à la première alerte.
- 19 janvier 1916: Journée calme, aucune attaque n'a eu lieu.
- 20 au 30 janvier 1916 : Secteur assez calme.
- 1er et 2 Février 1916: Divers travaux d'organisation du secteur. Douches et travaux d'hygiène.
- 3 Février 1916 : Une partie du régiment prend part à une revue à Somme Suippes.
- 4 Février 1916 : L'état sanitaire est satisfaisant. La journée a été printanière. L'alimentation ne laisse rien à désirer, l'habillement est en bon état, mais la boue des boyaux est telle que les chaussures ne sont pas imperméables.
- 7 Février 1916: Départ du régiment pour les tranchées de 1er ligne, effectif de 40 officiers et 1841 hommes. Dans la soirée et dans la nuit l'artillerie ennemie ( légers et lourds canons) est active.
- 8 Février 1916 : Dans la journée et même au cours de la nuit l'artillerie Allemande a exécuté des bombardements presque incessants.
- 9 Février 1916 : Dans la nuit d'hier et celle d'aujourd'hui nos soldats gardant les tranchées avancées de la "Pomme de terre" ont dû livrés des combats à la grenade, combats qu'ils ont soutenu avec ardeur. L'artillerie Allemande continue ses tirs sur des objectifs très variés mais principalement sur les boyaux de secondes lignes. Pour limiter les effets meurtriers d'une attaque par les gaz et faciliter un tir de barrage par notre artillerie le régiment est disposé comme suit:
- La ligne I ou tranchée avancée sera solidement tenue par des mitrailleuses disposés à flanquer les divers éléments. Un quart de l'effectif occuperont ces tranchées soit 5 officiers dont Raoul BRIANÇON et environ trois cent hommes.
- La ligne I bis située à environ 60 à 100 mètres en arrière sera tenue par le reste des effectifs (les trois quarts), à cette garnison s'ajoute les mitrailleuses nécessaires à la défense de cette deuxième ligne.
- Les tranchées de 1er ligne sont insuffisamment protégés par un réseau de fil de fer qu'il est d'ailleurs difficile de placer sur certains points et notamment devant le front D. Les défenses accessoires sont également insuffisantes et même inexistantes sur certains points en avant des tranchées I bis.En autre, les abris pour la troupe sont insuffisants dans la tranchée I bis. Leur construction est poussée activement mais la difficulté du transport de matériel ne permettront pas de mettre nos unités à abris des bombardements que pourrait subir cette tranchée.
- Organisation d'une deuxième ligne de défense.
- 10 Février 1916: Dans les deux combats à la grenade livrés la veille nous avons eu un tué et 2 blessés. Nos grenadiers se sont vigoureusement défendus. L’artillerie ennemie de tous calibres a exécuté durant toute la journée un assez violent bombardement, l'artillerie Française n'a pas une riposte suffisamment énergique. Un tué et cinq blessés
- 11 Février 1916: La tranchée du secteur EST et particulièrement celle du bataillon D ont été assez violemment bombardée par l'artillerie Boche. Ce bombardement a occasionné de nombreux éboulement qui sont venu s'ajouter à la boue provoqué par la fonte de la neige. Cet état des choses a obligé les défenseurs des tranchées à de pénibles travaux pour rétablir la mise en état des boyaux et lignes de tir. La fin du bombardement a coïncidé vers 15 heures avec une très violente canonnade qui s'est déclenchée dans la région de la butte de Souain et de la ferme Navarin. A 14h un combat à la grenade a eu lieu dans la tranchée Champignon : 11 blessés. Déjà à 6 heures du matin les occupants de la tranchée champignons avait répondu énergiquement à une première provocation de l'ennemie. Durant toute la journée rafale de pluie et de neige.
- 12 Février 1916 : Bombardement intermittent de tout le secteur. Ce bombardement méthodique a pour but évident la destruction de nos tranchées et des boyaux qui assurent les communications avec l'arrière. De nombreuses équipes de travailleurs profitant de la nuit, réparent les tranchées éboulées et dégagent les boyaux obstruées que la fonte des neiges a transformé en ruisselets bourbeux. A 14h et 18 h des combats à la grenade dans la tranchée avancée de la Pomme de Terre.
Les Combats du 13 Février 1916 : Attaque Allemande sur le 293éme Régiment D'Infanterie
Durant la matinée la canonnade s'est ralentie et le secteur est particulièrement calme. Soudain, à 13h30, le bombardement des tranchées et des boyaux du secteur reprend avec une violence terrible. Des rafales d'obus de canons lourds, fusants et percutants transforment subitement le secteur en un enfer. Notre tranchée avancée (Ligne I), reçoit des rafales d'obus de tous calibres, mais surtout d'énormes torpilles qui effondrent les abris et comblent les emplacements des tireurs. La garnison de cette tranchée avancée éprouve les plus grandes difficultés à se protéger contre ce déluge de projectiles qui paralyse l'action de nos bombardiers et rend presque impossible le rôle de nos guetteurs.
Nos tranchées de résistance, dites I bis sont enveloppées dans la même tourmente et la garnison de cette ligne doit se réfugier dans les abris où elle subit des pertes sérieuses par suite de l'écrasement d'un certain nombre de gourbis qui cèdent sous la puissance explosive des torpilles et des obus de gros calibre. Le bombardement se fait sentir jusqu'au tranchées de deuxième ligne, ainsi que sur les emplacements des batteries affectées à la garde du secteur. Des obus lacrymogènes pleuvent sur nos batteries. Notre artillerie riposte en canonnant les tranchées et communications allemandes.
L’extrême violence de cette lutte d'artillerie fait présager une attaque ennemie, étant donné qu'elle est consécutive à un bombardement systématique de notre secteur qui a duré près de huit jours. Les liaisons téléphoniques avec les PC des bataillons et du Colonel Commandant le secteur sont rompues. Bravant le danger des équipes de téléphonistes se risquent dans les boyaux afin de rétablir les liaisons. Elles n'y peuvent parvenir malgré un superbe courage.
Brusquement à 14h30, le bombardement cesse. Un silence angoissant d'une durée de 10 minutes se produit. Et ni notre artillerie, ni nos engins de tranchées, ni nos mitrailleuses, ni notre mousqueterie n' interrompent cet impressionnant et étrange silence du champ de bataille. Si on s'explique que le terrible tir d'artillerie Boche ait forcé nos tirailleurs, nos mitrailleurs et nos bombardiers à chercher une protection dans leurs abris, on ne comprend pas pourquoi nos artilleurs, imitant l'adversaire, ont arrêté leur tir. Au bout de 10 minutes, le bombardement ennemi reprend avec une incroyable furie. Et de minute en minute, les obus creusent des trous autour du PC du colonel qu'il font trembler sans l'atteindre, de minute en minute, nos tranchées se comblent, nos boyaux s'éboulent, nos abris s'effondrent, ensevelissant des hommes, des armes et des équipements. De minute en minute nos travaux de défense et nos communications sont cahotés, bouleversés, détruits. Notre secteur reçoit en moyenne dix gros obus par minute d'une même batterie lourde, soit un groupe de 150 et un groupe de 105.
La liaison téléphonique avec les bataillons n'a pu être rétablie et le colonel, à 15h30 n'a pu avoir aucun renseignement sur la situation des bataillons. Les agents de liaison envoyés aux deux PC n'ont pas pu traverser le barrage d'artillerie ou ne sont pas revenu.
A 16h, Deux secousses sismiques ébranlent le sous secteur, on a l'impressions qu'une formidable mine vient d'exploser. A ce tremblement du sol s'ajoute presque aussitôt, le crépitement des mitrailleuses et de fusils dominé par la furie du bombardement qui empêche d'apprécier l'importance de cette fusillade. Il est probable que les Allemands exécutent une attaque sur nos tranchès avancées du Champignon et de la Pomme de Terre. A 16h20, quelques soldats du 64e qui encadrent, à droite le 293e s'éloignant à vive allure des tranchées qu'ils viennent d'abandonner, passent à proximité du PC du Colonel, sans armes, affolés en annonçant que les Boches se sont emparés de nos tranchées avancées, qu'ils ont pénétré dans nos tranchées de soutien et qu'ils sont déjà à proximité du Voussoir (PC du Colonel). Les méprisables se meurent de panique, avant qu'on ait pu les arrêter, disparaissent dans le boyau conduisant aux tranchées de réserve.
A 17h15 seulement, le colonel reçoit un premier rapport imprécis signalant que nos tranchées du Champignon, de la Pomme de Terre et du Boissant sont prises. Bientôt, quelques blessés, dirigès sur les postes de secours, confirment l'attaque d'infanterie Allemande qu'appuie un formidable barrage d'artillerie. Le Colonel donne l'ordre d'envoyer une compagnie de réserve en contre attaque par les boyaux 27 et "petit jean". et demande un soutien au 2éme groupe d'artillerie. A 18h25, le commandant du bataillon D envoie au colonel son premier rapport : Le bombardement est effrayant, en de nombreux points les tranchées et les boyaux n'existent plus et qu'il est sans nouvelles des 21e, 22e et 23e compagnies, la liaison avec ces unités n'ayant pu être assurée. Vers 19h, un blessé, interrogé dans un boyau, affirme que les Allemands ont pénétré dans un élément de tranchées situé sur la Ligne I (ligne avancée) au sud et à proximité de la route de Tahure à Somme-Py. De façon à obtenir des indications précises sur la situation du bataillon D, le colonel ordonne au capitaine Veyssière, son adjoint de se rendre au PC du Commandant Le Dautrec, poste situé au centre de la 24éme compagnie, formant aile gauche du bataillon D. Le capitaine cheminant dans des boyaux à demi comblés par les éboulements, réussit à franchir le barrage d'artillerie extrêmement violent et arrive au PC du Bataillon D ou il trouve le Commandant Le Dautrec qui est toujours isolé de ses 3 compagnies de droite mais qui a pu avoir les renseignements suivants:
- Sur le front du bataillon D, toute la ligne I paraît occupée par les Allemands
- Sur le front du bataillon C quelques éléments de tranchée de la ligne I ont été enlevés par l'ennemi
- L'ennemi est parvenu jusqu'au parallèle Landry
- Une patrouille, envoyée par la 17e compagnie, qui encadre le bataillon D à gauche a rendu compte qu'un groupe ennemi avait pénétré dans le saillant de la ligne I bis, voisin de la route de Tahure à Somme-Py
- Une compagnie du 337éme, à effectif de 40 hommes seulement vient d'arriver au pC en vue de la contre attaque à exécuter par le boyau 27, conformément à l'ordre du colonel.
Puis peu à peu la situation se précise, vers 31h le capitaine Barreau de la 23éme compagnie, qui avait le Champignon dans son front de combat rend compte qu'il n'y a plus trace de tranchées dans le Champignon, que les mitrailleuses et autres engins de tranchées sont détruits et qu'il n'y a pas trouvé trace d'occupant, que tous les hommes ont disparu, mais qu'il suppose bloqués en grande partie das leurs abris écroulés.
Aucune nouvelle de la 21éme compagnie qui tenait la Pomme de Terre et qui a du être sérieusement éprouvée par le bombardement, l'expolsion des mines et la lutte dans ses tranchées envahies par les Boches. Le chef du bataillon D informe le colonel que:
- Le 21éme compagnie à disparu
- la 22éme occupe toujours le centre Payen avec 70 hommes environ dont 15 seulement armés de fusils
- La 23éme n'a pas donné signe de vie
Le bataillon D est aussitôt renforcé mais son effectif ne dépasse pas 150 combattants. Ce renfort permet de développer ses contre attaques partielles à la grenade.
A 23h le 337éme engage le combat par le boyau du 27 et la 22éme Cie du 293éme attaque par le boyau petit jean où un barrage ennemi est signalé. La section de mitrailleuses doit appuyer les attaques à la grenade. Mais à peine mise en batterie elle est mise hors de combat par une rafale d'obus qui endommage les pièces et blesse 9 hommes sur 15. Les tranchées prises par les allemands ne seront pas reprise.
A la fin de la journée le bilan est lourd, il y a au moins 50 tués et plus de 230 prisonniers du 293éme régiment. Les soldats sont dirigés vers le camp de Wahn tandis que les officiers ( y compris Raoul Briançon) sont emprisonnés au camp de Mainz (Mayence). La longue liste de prisonniers figure dans la Gazette des Ardennes. Les autorités allemandes décidèrent d’utiliser ce journal comme instrument de propagande, journal à l’origine départemental mais dont l’audience fut étendue à l’ensemble des territoires occupés par l’armée allemande. A partir du printemps 1915 La Gazette publie les listes des prisonniers français captifs en Allemagne. Les listes présentent l’identité du prisonnier, son lieu de résidence, son affectation militaire et le camp où il a été détenu.
Comme l'indique le journal Raoul a été fait prisonnier dans le secteur de Verdun et il a été interné au Camp de Mayence (Mainz en Allemand).
Charge d'Infanterie Francaise 14-18 (Extrait du film un long dimanche de fiancaille
Photographie de Raoul Briançon au Camp de Mayence
Après plus d'un an de front et deux ans et demi en camp de prisonnier, Raoul pourra enfin retourner vivre à Millau. Tous n'ont pas eu la même chance que lui. Son jeune frère, Gustave Briançon est mort en 1915 à l'âge de 29 ans "Tué à l'ennemie", son neveu André Briançon (fils de son frère ainé Vincent) est mort en avril 1917 à l'âge de 21 ans au Chemin des Dames, son beau frère Pierre Gabriel Laurent (le plus jeune frère de sa femme) est décédé en 1919 suite à une "maladie contractée au service" à l'âge de 29 ans.
Le bilan de la grande guerre est terrible, 1.4 millions de français sont morts (900 par jour!!), 250 000 disparus, 19 000 décédés en captivité et 150 000 sont morts de maladie. A celà il faut ajouter 3.5 million de blessés, 600 000 invalides et 300 000 mutilés...
"Gustave Briançon Caporal Mort pour la France, tué à l'énnemi le 5 Mai 1915 au Trapèze, Mesnil les Hurlus (Marne)" et " Laurent Pierre Gabriel, Marechal des logis au 50iéme Régiment d'artillerie Mort pour la France le 09 février 1919 d'une maladie contractée au service"
Raoul Briançon va habiter Millau jusqu'en 1935 où il s'éteindra le 20 Janvier à l'âge de 55 ans.