VINCENT BRIANÇON

Vincent Briançon est le cadet de la famille en cette fin de XVIIIéme siécle, il est né en 1784. Jean Pierre est son ainé de deux ans. Vincent va connaître, bien malgré lui, les "joies" des armés Napoléoniennes pendant plus de six ans.

Tout commence alors qu'il n'a que vingt ans, comme des milliers de jeunes Français il est convoqué pour participer au tirage au sort qui décidera de son incorporation, c'est le principe de la conscription. Ce jour là Vincent tire "le bon numéro" (pour l'administration militaire mais pas pour lui!!), le voilà conscrit de L'an XIII. Les archives militaires le décrivent avec précision:

" Vincent Briançon est le fils de Jean Pierre Brianson et de Catherine Chatain né en 1784 à Annonay canton du dit lieu département de l'Ardèche. Taille de 1m 62cm, visage rond, front court, yeux gris, nez bien fait, bouche petite, menton rond, cheveux et sourcils noirs". Le conscrit est incorporé à la 4iéme compagnie de voltigeur du 3ième Régiment d'infanterie de ligne le 3 Floreal de l'an XIII (23 avril 1805) et arrive à la Caserne le 28 dudit (17 mai 1805)                       

Les volti­geurs sont des compagnies d’élite comme les grenadiers. Ils combattent en tirailleurs et doivent leur nom à leur spé­cialité : devant être transportés rapide­ment sur le lieu du combat, ils sont exer­cés à sauter en croupe derrière les cava­liers ou à suivre à pied des cavaliers marchant au trot.

La Caserne

 Tout juste arrivé en garnison Vincent touche ses effets militaires. Un veil uniforme, râpé, usé et trop long . Ses habits civils ont été imméditament vendus à des fripiers installés à proximité de la caserne. Puis il découvre la chambrée qui est composée de plusieurs lits. Chaque nouveau conscrit partage son lit avec un ancien. Des planches sont disposées en étagères contre les murs au-dessus des lits, afin de recevoir les effets des occupants, rangés d'une manière réglementaire. Des crochets, eux, sont destinés à soutenir les baudriers, les ceinturons ou le shako.

De part et d'autre de la cheminée, sont rangés sur des rayons les ustensiles et les ingrédients pour le repas. Ce dernier, réglementé par le manuel de 1791, est composé de la soupe et de la cuisson des légumes. L'achat de nourriture est supporté par l'ensemble de la chambrée grace à leur solde de 30 centimes par tête et par jour et la gestion est confiée au caporal. Afin de se faire bien voir, Vincent doit "graisser la marmite" et effectuer les corvées. Après avoir fait chauffer la soupe, régulièrement écumée, les hommes de la chambrée se tiennent "en cercle autour de la marmite, puisant chacun son tour une cuillérée.                                                                                                      

Le réveil à lieu au clairon, à 6 heures du matin. Le caporal de l'escouade fait lever les hommes et fait l'appel. Puis c'est le nettoyage des chambres et l'aération des lieux. A 10 heures, c'est la soupe du matin. "Pendant que les soldats mangent la soupe, les lieutenants vérifient l'état de propreté des chambres".  A 10 heures 30, c'est l'appel pour l'ordre sur la place d'armes.                                                     En cas de mauvais temps, il peut se faire dans les chambres ou les corridors. Jusqu'au repas du soir, la journée est rythmée par les corvées, le tir, le maniement des armes et les manœuvres.  A 16 heures , c'est le repas du soir, puis, à l'heure fixée par le colonel, c'est la retraite et une demi-heure plus tard l'appel du soir.

Vincent reçoit les premiers rudiments d'instruction à l'Ecole du Peloton, où l'on applique le règlement du 1er août 1791 (qui restera en vigueur jusqu'en 1832). Il faut des heures pour apprendre à marcher au pas, la plupart des soldats confondent leur droite et gauche.

   

Progressivement il devient un soldat et il peut passer à l'Ecole du Bataillon, où on append à manouvrer et à utiliser le fusil modèle 1777, modifié an IX, à tirer sur trois rangs sans blesser ses voisins selon la charge en « 12 temps - 18 mouvements ». L'instruction ne dure environ que deux à trois semaines puis les soldats sont envoyés dans les garnisons et devront apprendre sur "le tas". Dès la fin de son instruction Vincent est envoyé à Pont de Brique (au camp de Boulogne) au sein du 4ème Corps d'armée (Maréchal Soult) dans la 3ème  division du général Legrand. 

Les Campagnes

Année 1805

Le projet d'invasion de l'Angleterre fut abandonné à la fin de l'été 1805, les troupes quittent alors le camp de Boulogne et se dirigent vers l'est.

  • 27 Aout 1805 :  150 000 hommes quittent le camps et fonçent vers le Danube. La marche est épuisante, l'équipement n'est pas adapté avec une ignoble culotte qui serre le jarret et le genou recouvert par une grande guetre et serré par une nouvelle jarretière..soit trois épaisseurs d'étoffe. Le "barda" que transporte Vincent pése plus de 25kg avec le sac, le fusil, une giberne, cinquantes cartouches, le pain, la viande, une marmite, le sabre...Aprés à peine un jour de marche beaucoup de jeunes conscrit sont déjà à la traine. En retirant ses chaussures Vincent découvre avec éffroi ses pieds couverts d'ampoules grosses comme des noisettes. Un vieux "grognard" lui confectionne un mélange composé de jaunes d'oeufs battus, d'eau de vie qu'il verse dans ses chaussures dans lesquelles il avait fait couler quelques gouttes de suif. Après encore deux jours de douleurs Vincent s'apperçoit que la méthode est éfficace: toutes ses ampoules ont disparu. 
  • 25 Septembre 1805 : Les troupes franchissent le Rhin 
  • 07 Octobre 1805 : Le passage du Danube se fait sans dificulté et la grande armée longe la rive droite.
  • 10 Octobre 1805 :  le 3éme de ligne est impliqué dans les combats d'Augsbourg et entre dans la ville.
  • 11 Octobre 1805 : Les troupes sont à Munich. Le 3ème de ligne participe à la prise de Landsberg et de Memmingen pour ensuite prendre position à 50km au sud de l'objectif principal de Ulm, bloquant ainsi les déplacements ennemis.
  • 20 Octobre 1805 : Capitulation des forces Autrichiennes à Ulm.

Chassant ensuite les troupes Russes, le 3ème régiment fut impliqué, le 16 Novembre, dans les combats d'arrière garde à Hollabrünn en combattant à proximité du pont de Schöngraben.

Le troisième de ligne participa aussi à l'une des plus célébre des batailles de l'Empire, le 02 décembre 1805.

 Bataille D'AUSTERLITZ

 

Année 1806-1807

En février 1806 le régiment cantonne à Braunau. Il ne participe pas à la campagne de Prusse. Pour le 3éme  régiment de ligne la campagne commence le 6 mars 1807, ordre est de se rendre sur le Vistule. Le 3ème de ligne se retrouve au sein du Corps de réserve du Maréchal Lannes, dans la 2ème division du Général Verdier-brigade Harispe, avec le 72ème de ligne il forme la Brigade du Général Harispe. A partir du 10 juin le 3éme de ligne est impliqué dans les affrontements suivants: 

Au cours de cette campagne et de ces deux affrontements le régiment a, en moins d'une semaine, perdu 1704 hommes, soit près de 50 % de sa force initiale!

Suite à la signature du traité de Tilsit, le 3ème régiment fut renvoyé en France.

 

Année 1809

La campagne suivante du régiment fut contre les Autrichiens en 1809.

Le 3ème de ligne, toujours sous les ordres du Maréchal Lannes et son 2ème corps d'armée, était dans la brigade de Lorencez, au sein de la 3ème division de Louis St-Hilaire. Il était composé de 3 bataillons, nombrant 1860 hommes.

Le régiment s'est couvert de gloire au cours des événements suivants:

  • Eckmühl (22 avril 1809)

Suite à ses succès à Abensberg le 20 avril 1809, le Maréchal Davout se retrouva avec 20 000 hommes pour contrôler la région, pendant que le reste de la Grande Armée poursuivait ce qu'elle croyait être les armées de l'Archiduc Charles. En réalité ce n'était que l'aile gauche de cette armée. Davout se retrouva soudainement devant la majeure partie des troupes autrichiennes, quelques 70 000 hommes!! Après de lourds combats, les troupes de Davout, en nombre grandement inférieur, commencèrent à perdre du terrain. Napoléon ordonna aussitôt au Maréchal Lannes de se rendre le plus vite possible au secours de Davout.                                                                     

 Le 22 avril 1809  à 16:30 le 3ème de ligne ainsi que d'autres troupes du Maréchal Lannes, attaquent avec férocité le IV Corps d'armée autrichien qui défendait les approches d'Eckmühl. À la tombée de la nuit, les français sont maîtres de la ville. De plus les deux flancs de l'armée autrichiennes sont vaincus. Ce terrible affrontement coûta au régiment la perte de 25 Officiers et 520 hommes de troupe.

    • Essling (21-22 mai 1809)

 

Le 21 mai 1809 à Essling, Lannes traversa l'île de Lobau pour une confrontation avec les aurichiens à Aspern. Le 3ème de ligne ainsi que le reste de sa division vont jouer un rôle important dans les combats et permettre la capture d'un bataillon autrichien complet, ainsi que 5 canons et un drapeau. Remarquant une brèche dans la ligne ennemie, Napoléon ordonna aussitôt qu'une attaque soit lancée à cet endroit.

  • 7 heures le 22 mai: Les trois divisions d'assaut du Maréchal Lannes se positionnent  le long de la route Aspern-Essling et avancent en échelon, avec sur la droite, les division de St-Hilaire et le 3éme de ligne en tête. Soutenu par la cavalerie Française, sous un feu d'artillerie autrichienne très intense, le combat est acharné. Les troupes françaises parviennent à repousser les autrichiens vers le village de Breitenlee. Cependant, les troupes de Lannes, ayant subi de lourdes pertes, et n'ayant presque plus de munitions, reculent à leur position initiale. Les ponts ont été incendiés et le réapprovisionnement munitions est impossible. Vers 
  • 12 heures: Les régiments engagés sont de retour derrière la route Aspern-Essling. La grande percée espérée au travers de la brèche a échouée.
  • 14 heures:  Les Autrichiens ont repris le contrôle d'Aspern.
  • 16 heures: Napoléon fait reculer ses forces jusqu'au abords du Danube pour organiser une retraite finale lors de laquelle, le Maréchal Lannes a ses deux jambes pulvérisés par un boulet de canon. 
  • Ce jour là , 27 officiers et 500 soldats du 3éme de ligne tombèrent, blessés ou tués.

 

  •  Wagram (5 et 6 Juillet 1809).

Le 3ème régiment, maintenant sous le commandement du Général Charles GrandJean, faisait toujours partie de la 3ème division . Le soir du 4 Juillet, les troupes françaises traversèrent le Danube à la hauteur de Stadtler Arm en bateaux et se dirigèrent vers Marchfield.

  •  5 Juillet (4 heures du matin):  Les troupes Autichiennes de Jagers, en infériorité numérique, sont en vue. Les français les repoussent jusqu'au château de Sachsengang puis se mettent en marche pour prendre position le long du ruisseau de Russbach en face du village de Baumersdorf (entre Adreklaa et Markgrafneusiel) où se trouve le 2ème corps d'armée autrichien, sous les ordres du Fieldmarshal-lieutenant Hohenzollern.                                                                                                                                                         Le 3ème régiment de ligne attaque avec force le village, le 10ème d'infanterie Légère et le 57ème de Ligne de la division manoeuvre sur le flanc droit. La bataille aux alentours de Baumersdorf fut très longue et continua jusqu'au 6 Juillet midi.
  • 6 Juillet : Oudinot et la 3éme division reçurent l'ordre de charger et de déloger l'ennemi, tandis que MacDonald, qui était au centre, devait mener sa fameuse attaque massive, soutenu par les 102 canons du Général Lauriston. Lors de ces affrontements intensifs, la division de GrandJean, incluant le 3ème régiment de ligne forcèrent le Régiment d'infanterie d'Aspre à reculer.

La capture de Markgrafneusieldt par les troupes du Maréchal Davout, sur la gauche, força tous les Autrichiens à abandonner Baumersdorf. Le 3ème de ligne perdit lors de cette bataille 19 officiers et 400 hommes, tué ou blessés.

Année 1810-1815

Le régiment retourna à Paris en 1810, juste à temps pour être envoyé en Espagne l'année suivante.

Le 7 Septembre 1811, le régiment se trouva sous le commandement de leur nouveau Commandant, le Colonel Louis Ducouret.

Le 3ème de ligne faisait alors partie de l'armée d'Andalousie du Marshal Soult.

En 1812, le régiment pris part à des combats, de moindre ordre, contre des forces Anglo-Portuguèse à Sanguessa et Bilbao. Le 9 avril 1812 Vincent Briançon fut promut au rang de Caporal. Un mois plus tard au cours d'un accrochage à Santa Cruz Vincent fut atteint d'un coup de feu au poignet gauche qui le paralysa. Vincent a ainsi terminé sa carrière militaire pour retourner vivre paisiblement à Annonay. Ses états de service sont présentés ci-dessous

 Solde de retraite de Vincent Briançon.pdf

 

  

 

 "Memoire de proposition pour la Retraite  en faveur du nommé Vincent Briançon, né en 1784, à annonay, département de l'ardéche, caporal à la 4eme Compagnie de Voltigeur".

"Atteint d'un coup de feu qui a fracturé l'extrémité du Radius à son articulation inférieure, il en résulte ankilose du poignet gauche et perte totale de l'usage de la main. Entré au service à l'âge de 21 ans dans le 3e régiment d'infanterie de ligne le 3 floréal an 13. Caporal le 9 avril 1812. Campagnes du mois vendemaire an 14, 1806, 1807, 1808 et 1809 en allemagne,1811 et 1812  en Espagne. Blessé le 10 juin 1807 à Heilsberg, Blessé le 23 mai 1812 à l'affaire de Santa Cruz en Espagne"