VINCENT BRIANÇON

  •  Naissance

Vincent Briançon naquit le 23 avril 1813 à Annonay, son père Jean Pierre est alors cultivateur et habite au lieu dit de Chabetout à Annonay. Son acte de naissance mentionne deux témoins, ses oncles Jean Antoines Briançon cordonnier et Vincent Briançon ancien militaire. Vincent est le deuxième garçon puisque son frère ainé Jean Pierre à cinq ans en 1813.

 Acte de naissance de Vincent Briançon

  Acte de Naissance Vincent Briançon 1813.pdf 

 Contrairement aux générations précédentes Vincent ne va pas devenir agriculteur mais va choisir une tout autre voie qui va considérablement modifié tout au long du XIXième siécle le niveau de vie de la famille Briançon. Il deviendra mégissier. "la mégisserie consiste à transformer les peaux brutes de chevreaux, agneaux, chèvres ou moutons, en peaux blanches souples, susceptibles de recevoir la teinture et de subir des façons pour fabriquer des gants ou des chaussures".

  • Mariage

Le 1er juillet 1835 à l'âge de 22 ans il épouse Isabelle CHAMP fille de François CHAMP et de Marie anne DUNY. Son frère Jean Pierre fait parti des témoins, en ce qui le concerne il a pris la suite de l'exploitation familiale.

 

Acte de mariage de Vincent Briançon et Isabelle Champ

 Mariage vincent briancon Mariage vincent briancon

 

De cette union vont naître huit enfants

  • Pierre Vincent Pierre Vincent né le 14 décembre 1836  et décédé le 1er avril 1837 à l'âge de 3 mois
  • Elisabeth Elisabeth née le 03 mai 1838
  • Anne Elisabeth Anne Elisabeth née le 07 Aout 1840 (décédée le 1er décembre 1840 à l'âge de 4 mois)
  • Anne Anne née le 13 septembre 1841 (décédée le 28 septembre 1841 agée de 15 jours)
  • Louis Louis né le 16 janvier 1843 (décédé le 2 avril 1843 à l'âge de 3 mois)
  • Jean Jacques né le 01 juin 1844
  • Elie Elie né le 07 octobre 1845 (décédé le 8 décembre 1848 à l'âge de 3 ans)
  • André AbelAndré Abel né le 12 juillet 1847

Sur huit naissances seulement trois enfants arriveront à l'âge adulte Elisabeth, Jean Jacques et andré Abel (qui décédera à l'age de 23 ans durant son service militaire)

A partir des annèes 1830 la mégisserie va connaitre une extraordinaire croissance totalement étrangère à la ville d'Annonay et due uniquement à un caprice de la mode qui répandit l'usage des gants, même dans les couches modestes de la population. Ceci entraîna un développement prodigieux de la ganterie en France. Annonay est alors la seule ville de France à travailler pour la ganterie de luxe et fournit les centres français du gant : Millau, Niort, Paris, Grenoble ainsi que l'Angleterre et l'Allemagne. Cependant les transformations des peaux ne prennent jamais un caractère révolutionnaire, l'outillage se modernise un peu avec l'intoduction de quelques machines à vapeur. Les ateliers s'agrandissent peu mais se multiplient. Ils passent de trente en 1830 à cent vingts en 1867. L'absence de machines nécessite une main-d'oeuvre abondante et plus de trois mille paysans de la région attirés par les salaires viennent s'embaucher en ville. On leur confie les tâches pénibles et peu prisées, le "travail de rivière" tandis que les annonèens (tels les Briançon) se réservent la partie la plus délicate du métier, le palissonage qui se fait "en chambre" ou montent leur propres ateliers.

 

Annonay en 1840

 

La mégisserie

Le quartier des mégisseries.

 

Les peaux subissent deux grandes series d'opérations.

  •  Le travail de rivière 

C'est de loin le plus pénible, les ouvriers séjournent à l'humidité et dans le froid. Les mégissiers achètent les peaux séchèes (avec les poils), ils doivent donc les faire tremper pendant deux ou trois jours dans la rivière puis dans des bassins ce qui permet de les assouplir. L'opération suivante a pour but de diminuer l'adhèrance du poil à l'épiderme, les peaux trempent donc, pendant douze jours à un mois dans un lait de chaux. A leur sortie elles sont abondamment rincées avant d'être épilées à l'aide d'un couteau cintré qui ne coupe pas : "le couteau de fleur". Puis, à l'aide d'un couteau tranchant  ou " couteau de chair" le mégissier râcle l'intérieur de la peau . A ce stade il faut éliminer toutes les impuretés. Les mégissiers font alors appel à un produit naturel qui fait vivre des personnes aux revenus modestes: La crotte de chien. Les peaux baignent pendant vingt-quatre heures dans une eaux additionnée de crottes de chien. Chaque matin, dans la ville et les villages environnants, les ramasseurs, munis d'un seau, collectionnent avec une petite pelle, parfois à la main, la précieuse crotte. La production locale ne suffisant pas on en importe de fort loin, Constantinople est un lieu d'approvisionnement.

Les impuretés ayant disparu les peaux fermentent pendant plusieurs jours. Ces differents traitements ont blanchi les peaux mais les ont aussi raidies. Les mégissiers les pilonnent alors pour les assouplir dans un cuvier puis commence l'habillage, les peaux sont imprégnées de matières tannantes (alun, sel, farine de froment et jaunes d'oeufs). Ensuite les peaux peuvent sécher en hauteur ou sur des chevalets.

   

  • Le Palissonnage

Les peaux passent ensuite entre les mains des aristocrates de la profession: les palissonneurs, ceux qui oeuvrent en chambre et qui exécutent les finitions. Ils travaillent sur un banc, un établi, où ils déposent les peaux pour leur faire subir le passage de deux lames. La première, non tranchante ou "palisson mou" étire la peau, puis vient le "palisson ardent" avec la lame tranchante qui enléve tous les restes de chair. Puis les peaux sont portées à la réserve et triées selon leur qaulité avant d'être expédiées à Grenoble, Millau ou ailleurs.

 

 

  •  Les Conditions de Travail

 

Les ouvriers travaillant à la rivière étaient pendant de nombreuses heures au contact de l'eau. L'humidité créait un climat insalubre qui provoquait de nombreuses maladies : rhumatismes, bronchites, fluxions de poitrines, pneumonie, pleurésie... "Les hommes qui travaillaient pieds nus dans leurs sabots avaient les pieds en sang le soir à cause des produits utilisés comme le sulfur de sodium qui les brûlait".

Les ouvriers et ouvrières travaillaient plus de 70 heures par semaine (et oui! 2 fois 35h et sans RTT!!). La journée commancait à 5 heures du matin pour une durée de onze à douze heures. On travaillait les 6 jours de la semaine et 4 à 5 heures le dimanche matin avant l'office. En cas de besoin des heures supplémentaires pouvaient s'ajouter!! Les enfants, aussi, étaient embauchés puisque dès 1841, des lois vont tenter de réglementer leur présence. Un enfant de 8 à 12 ans ne doit pas travailler plus de 8 heures par jour, de 12 à 16 ans il peut rester 12 heures. En outre il ne faut pas oublier qu'il n'y a aucune sécurité d'emploi puisqu'il n'y a pas de contrat de travail. Le patron embauche quand il a besoin de main d'oeuvre et licencie en période de calme. Les licenciements se faisaient sur des motifs futiles "a bu un canon", "a répondu à un contre -maître" ou "n'est pas allé à la messe du dimanche". Malgrè celà, l'ouvrier annonéen vit relativement bien, les salaires vont triplés en cinquante ans et un paternalisme se crée entre le patron et ses ouvriers puisque les entreprises restent de dimensions familiales. Un esprit corporatif crée leur "coalition", interdite par la loi, et oblige les nouveaux apprentis à verser 50 francs à la caisse des secours, et le produit de ses six premiers mois à l'ouvrier qui lui apprend le métier.

A partir des années 1847 une crise terrible va toucher la France. En janvier 1849, la situation est catastrophique. La moitié des mégissiers sont sans travail. Heureseument l'hiver n'est pas mauvais et les denrées pas chères. Les fabricants licencient chaque jour des ouvriers. Quelques travaux publics sont entrepris grâce aux fonds du gouvernement. Fin 1849 l'économie repart et les affaires reprennent.

  • L'après 1849

C'est au mois d'avril 1849 que vont décéder Catherine CHATAIN, mère de Vincent et Isabelle CHAMP son épouse. Les décès sont très rapprochés, le 5 et 7 avril. Isabelle a tout juste trente deux ans. 

Actes de décés de Catherine CHATAIN et Isabelle CHAMP

Décés Elisabeth Champs 1849

Décés Chatain Catherine 1849

 Vincent va se remarier rapidement puisque dès Janvier 1850 il épouse Jeanne Vey.  

 Mariage vincent Briançon 1850

 Jeanne Vey se retrouve à 28 ans belle-mère de 3 enfants. De plus, de ce mariage naitront encore sept enfants:

  • Vincent Vincent  né le 31 Décembre 1850
  • Marie Lydie Marie Lydie née le 10 Mars 1853 (décédée le 10 septembre 1854)
  • Marie Lydie Marie Lydie née le 3 Novembre 1856 (décédée le 22 mars 1858)
  • Marie Louise Marie Louise née le 24 Juillet 1858
  • Annette Annette née le 11 Novembre 1861 (décédée le 14 juillet 1864)
  • Pauline Paulinenée le 20 Aout 1864 (décédée le 29 août 1864)
  • Abel Abel né le 3 octobre 1867 (décédée le 15 mars 1868)

 

 Sur les quinze enfants de Vincent Briançon seulement cinq survivront attestant d'une mortalité infantile très élévée.

 

Vincent finira ses jours à Millau dans l'Aveyron où il décéda dans sa maison situé au Pont Lerouge à l'âge de quatre vingt un ans le 7 juillet 1894.